Crossing in Memory

Noémie Ruben, 2017, Suisse
HD, n&b, sans dialogues, 3'

C’est comme si la profondeur de la nuit brulait d’un feu immémorial, dont seuls des éclats épars, des braises disséminées, pouvaient percer l’épaisseur. De fragiles lueurs habitent les ténèbres. Puis, des motifs plus complexes sont esquissés, aux arabesques succèdent des lignes tendues. Dans l’image émergent des présences humaines, surgissent de ce noir épais qui les rapproche, nous rapproche. Ici, une chemise à peine, ses larges rayures. Il faut écouter les insectes et le vent qui ont érodé la ligne de crête de la montagne. Une femme peut-être, dont les vêtements d’un blanc diaphane battent dans l’air, avance vers le paysage découvert. Le matin du monde? Une trace des fantômes qui côtoient les vivant ?

⏺ Dans le tissu audio-visuel de ton film, est-ce le son qui appelle l'image ou l’inverse?
Le choix du son a été induit par la texture de l'image, son crépitement, la sensation du film, les apparitions et disparitions dans le noir. Le son anime les lueurs, crée le rythme et plonge dans le caractère nocturne de cette vision.

⏺ D’ou viennent ces images, ces sons? Une mémoire sensorielle, quelque part collective? Ou plutôt une traversée de terrains vagues? Une genèse? Une apocalypse?
Le matériau avec lequel j’ai travaillé appelle la question de la mémoire. Ce sont des fragments de films d’archives du Comité International de la Croix Rouge. Mais je n’ai pas organisé la matière de façon continue, chronologique comme histoire mais plutôt comme des « tâches de mémoire » qui surgissent.

Curation et Interview – Linn Henz

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